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Depuis des siècles, l’humanité a cherché à défier la mort. Cette quête millénaire, qui effraie autant qu’elle fascine, semble plus accessible que jamais. En effet, entre vie prolongée, numérisation des consciences et biotechnologie révolutionnaire, l’IA apparait comme la clef qui ouvre la porte d’un tournant décisif. Pourtant cette promesse d’éternité doit-elle être vue comme une bénédiction ou une boite de pandore ?
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L’Intelligence Artificielle (IA), un outil qui repousse la mort ?
Les récentes avancées médicales et la recherche ont connu, ces dernières années, une progression considérable. Des entreprises comme Altos Labs, soutenue par Jeff Bezos, travaillent sur la reprogrammation cellulaire pour inverser le temps (1). Pour parvenir à obtenir la formule de la fontaine de jouvence, la société américaine investit énormément.
Elle a ainsi rassemblé de nombreux experts et scientifiques, dont certains ont obtenu un Prix Nobel, mais a surtout développé un logiciel IA ultra performant pour accélérer la recherche. Bien qu’encore au stade expérimental, Altos Labs est convaincue, à terme, de réussir.
Parallèlement, Google DeepMind joue un rôle clef dans la recherche médicale en développant des projets comme Alphfold (2). Ce programme, capable de cartographier des millions de structures protéiques, facilite la découverte de nouveaux traitements…
Dans une autre approche, Elon Musk et son entreprise Neuralink explorent le potentiel des interfaces cerveau-machine. Sa volonté est de fusionner l’intelligence humaine et artificielle, ouvrant la voie de la numérisation de la conscience (3).
Longtemps considérée comme de la sciencefiction, cette idée pourrait transformer notre rapport à la mort. Ce concept est soutenu par des visionnaires, comme Ray Kurzweil, qui prédisent, que grâce à l’IA et la biotechnologie, l’immortalité devient une réalité tangible. Ainsi, la mort ne sera plus une fatalité mais une option.
Numériser l’humain : Science ou Illusion ?
Bien que l’idée de transférer la conscience humaine (4) dans un serveur peut paraître fascinante, une question se pose : une copie parfaite de l’esprit, serait-ce nous ou une simple réplique ?
La numérisation ou « mind uploading » repose sur l’idée que tous nos processus mentaux sont le résultat d’interactions du cerveau et qu’ils peuvent donc théoriquement être reproduits par la machine.
Toutefois, ce concept est sujet à controverse pour de nombreux scientifiques et philosophes. Certains affirment que la conscience n’est pas juste un processus et que de fait une « copie numérique » n’aurait pas de continuité avec notre identité.
De plus, le débat éthique devient inévitable. Est-il moralement acceptable de transférer une conscience ? Si une copie existe qui est le
propriétaire ? L’original, la copie ou les deux ? Si l’immortalité devient accessible qui en bénéficierait ?
En effet, si un jour les technologies offrent cette possibilité son prix risque d’être extrêmement élevé, renforçant ainsi les inégalités. Qui déciderait de qui peut vivre ou mourir ? Quel sens donnerait-on à la vie ?
Un futur sans fin : Danger ou Opportunité ?
Si repousser la mort semble, dans un premier temps, être une opportunité, elle risque aussi de créer des inégalités entre ceux qui contrôlent ces technologies et les autres. De plus, des chercheurs, comme Nick Bostrom, nous mettent également en garde sur les dangers d’une super intelligence, hors de contrôle (5). Une IA devenue autonome peut voir dans l’humanité un frein à son développement et décider de nous contrôler. Enfin, ne plus avoir de fin nous pousserait-il à nous dépasser, à trouver des solutions ou même à réfléchir par nous-même ?
La promesse de réinventer la vie et de repousser la mort peut fasciner mais soulève également de nombreuses questions fondamentales sur l’identité, la liberté et le sens de l’existence. Voulons-nous alors vivre éternellement sous une forme numérique ?
L’avenir de l’immortalité se dessine sous nos yeux. Avant de franchir cette dernière frontière, une ultime question doit être posée : sommes-nous prêts à en payer le prix ?
Sources
(1) Altos labs. (s. d.). https://www.altoslabs.com/
(2) GACHELIN, G. (2025, 29 janvier). PRIX NOBEL DE CHIMIE 2024 : AlphaFold et la prédiction rapide de la structure tridimensionnelle d’une protéine. Encyclopædia Universalis. https://www.universalis.fr/encyclopedie/prix-nobel-dechimie-2024/2-alphafold-et-la-prediction-rapide-de-la structure-tridimensionnelle-d-une-proteine/
(3) Le milliardaire américain Elon Musk espère pouvoir révolutionner les capacités humaines grâce à une puce cérébrale. Plusieurs spécialistes soulèvent les dilemmes éthiques et déontologiques que pose un tel procédé. (2024, 26 février). National Geographic. https://www.nationalgeographic.fr/sciences/implant-transhumanisme-neurosciences-lapuce-cerebrale-neuralink-elon-musk-pose-des-problemes-ethiques
(4)Rosier, C., & Rosier, C. (2024, 3 janvier). Vie éternelle : pourra-t-on bientôt télécharger notre esprit dans un ordinateur ? – RTBF Actus. RTBF. https://www.rtbf.be/article/vie-eternelle-pourra-t-on-bientot-telecharger-notre-esprit-dans-unordinateur-11299885
(5) : Nick Bostrom – Superintelligence : chemins, dangers, stratégies (2014)

Souvent tabou et difficilement explicable aux plus jeunes, la mort est pourtant une thématique
présente depuis les premiers films d’animation, notamment dans les studios Walt Disney.
Les raisons sont multiples. L’utilisation des contes des Frères Grimm mais aussi l’histoire
tragique de son créateur, qui a vu sa mère décédée dans la maison qu’il lui avait offerte,
expliquent en partie la raison de son apparition à l’écran.
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Toutefois, elle est au départ souvent symbolique, comme un acteur secondaire qui est là sans vraiment l’être.
Par exemple, dans Cendrillon l’absence de la mère se perçoit au travers de la solitude, la mélancolie du personnage ou encore dans la Belle au Bois Dormant, elle apparait sous forme de malédiction. Parfois même, la mort est présente de façon plus brutale comme quand ce coup de feu retenti au fond d’une forêt, avant de laisser place à un silence de plomb, dans Bambi.
Cette scène reste, encore aujourd’hui, considérer comme l’une des plus traumatisantes pour les enfants. Cependant, malgré la violence de certains scénarios, elle ne fut jamais présentée directement à l’écran et n’avait encore jamais toucher un personnage que tout le monde apprécie, jusqu’en 1994.
Un choc pour des générations…
En France, le 09 novembre 1994, un nouveau Disney apparait sur les écrans. Tout le monde assiste à une lutte fratricide, dès les premières minutes du film, qui aboutit à un rugissement féroce, avec un silence profond, suivi d’un « Papa ». Le Roi Lion vient de bouleverser les codes du genre.
Pour la première fois dans un long métrage grand public, la mort d’un personnage
principal est représentée. Le choc est immense, d’autant que Mufasa représente la figure
paternelle par excellence, appréciée de tous. Bien que violente et réaliste, elle instaure la mort comme moteur narratif. Plusieurs études démontrent que de nombreux parents ont utilisé ce film pour aborder ce sujet.
Ce tournant, quelque peu brutal, a permis aux films d’animation d’explorer la mort et le deuil sous différents angles.
Par exemple, le monde de Némo (2003), l’aborde avec délicatesse : le décès de la mère de Némo est évoqué quelques secondes mais impulse le parcours du père, confronté à cette absence.
Plus récemment, En Avant (2020) traite de la disparition d’un parent avec magie et poésie, dans un parcours d’aventures et d’apprentissages.
Dans les Nouveaux Héros (2014), le deuil et la perte sont là aussi au cœur de l’intrigue ; ce scénario explore la douleur d’un jeune héros qui fait face à la mort de son frère et apprend à dépasser la colère grâce au robot, créé par son frère.
Si ces exemples mettent la mort au cœur de l’action, d’autres l’abordent plus sensiblement. Ces approches culturelles et philosophiques invitent à la réflexion de la mort comme un passage, un souvenir qui dépasse l’absence physique. Les scénaristes puisent alors dans des traditions, des croyances pour offrir une vision plus douce et poétique du deuil.
La symbolique pour avancer : la mort comme passage et mémoire
Ces œuvres envisagent la mort non plus comme une fin mais comme un passage, un lien entre vivants et disparus.
Par exemple dans Coco (2017), la mort est illustrée à travers la tradition mexicaine du Dia de los Muertos. Ce film célèbre le souvenir des ancêtres tout en montrant que la mémoire maintien les liens au-delà de la disparition physique. La mort est alors vécue comme un voyage coloré, plein de musique et d’émotions.
L’importance de la transmission et des liens indestructibles est encore présente dans Vaiana (2016) qui met en lumière l’importance de garder vivant les racines et la mémoire pour avancer.
Ce voyage d’acceptation est aussi présent dans Là-Haut(2009). En suivant les aventures de Carl, nous constatons que la mort affecte toutes les générations.
La symbolique atteint une forme de paroxysme, avec les studios Pixar, dans Soul
qui explore le sens de la vie au travers de l’aventure d’une âme cherchant sa raison d’être. La mort n’est plus taboue, elle fait partie du cycle naturel de la vie, tout en offrant une vision apaisée qui invite à réfléchir sur notre existence.
Ainsi, ces récits suscitent un questionnement, tout en restant accessible au jeune public.
Un changement qui permet de mettre des mots
Depuis les débuts, la mort a toujours été présente de façon subtile et symbolique. Le tournant de 1994, avec le Roi Lion, a ouvert la voie à une exploration plus franche et nuancée de ce thème. Il a permis de parler du deuil, de la perte et de la vie après la mort, par le biais de récits touchants et porteur d’espoir.
Il est important de signaler que pour la réalisation de cet article des classiques produits par Walt Disney, Pixar ou encore DreamWorks ont été utilisé puisqu’ils sont considérés comme des références mondiales. Toutefois, des œuvres moins connues abordent également la mort sous d’autres angles.
Nous pouvons donc constater que loin d’être un sujet tabou, la mort dans l’animation est un miroir des émotions humaines. Elle accompagne ainsi les petits comme lesgrands sur le chemin du souvenir et de la résilience.